Edito n°1233 : 53

« Peut mieux faire. » C’est, en substance, la position de Monaco face à la problématique de la santé mentale. Dialogue, prise en charge des patients, soin de la personne, logement, emploi… La principauté fait déjà beaucoup, mais elle peut faire mieux et plus. C’est ce qu’a expliqué à Monaco Hebdo le conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé, Didier Gamerdinger, dans une interview qui est à lire dans le dossier spécial, que nous consacrons cette semaine à la santé mentale. Pour cela, un plan santé mentale « équilibre psychologique et bien-être » 2022-2027 a été imaginé. Composé de 53 actions réparties sur cinq ans, il a pour objectif d’améliorer le suivi et l’offre de soins en principauté. Le sujet est sensible. En effet, d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur dix pathologies jugées « préoccupantes » chez l’adulte, cinq sont des pathologies psychiatriques. Et il n’y a bien évidemment aucune raison pour que Monaco fasse exception. On se souvient d’ailleurs des enquêtes européennes de l’European School Survey Project on Alcohol and Other Drugs (ESPAD) qui passent au crible les modes de consommation des produits psycho-actifs, mais aussi l’addiction aux réseaux sociaux, aux paris d’argent, et aux jeux chez les adolescents européens âgés de 16 ans, dans 35 pays, dont Monaco. La dernière étude a été publiée en 2019, et elle montre qu’en principauté l’usage du cannabis, de la cigarette électronique, mais surtout les paris sportifs et les réseaux sociaux, ont atteint des niveaux inquiétants, qui peuvent déboucher sur des problèmes de santé mentale. Les craintes gagnent du terrain. Pour preuve, en décembre 2021, dans une lettre ouverte publiée dans Le Monde (1) adressée au patron de Meta, Mark Zuckerberg, des psychologues, et des spécialistes de la santé et du numérique, se sont notamment inquiétés de la méthodologie de recherches lancées dans ces entreprises. Le sujet de ces études concerne la santé mentale des enfants et des adolescents, utilisateurs de Facebook, Instagram et WhatsApp. « Nous vous demandons de solliciter des analyses indépendantes et transparentes de toutes vos recherches passées, présentes et futures sur la santé mentale des enfants et des adolescents, y compris les recherches sur les jeunes du nord et du sud de la planète et des régions en conflit. L’étude de la santé mentale exige les plus hauts standards de preuve en science, y compris une méthodologie solide, dont la pertinence doit être évaluée avant la collecte des données », a demandé ce collectif, démontrant, une fois encore, combien ce sujet est devenu préoccupant. À Monaco, comme sur le reste de la planète.

1) Intitulée « Où en est la santé mentale des enfants et adolescents qui sont utilisateurs de Facebook, Instagram et WhatsApp ? », cette tribune, publiée le 9 décembre 2021 par Le Monde, est à lire ici : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/09/ou-en-est-la-sante-mentale-des-enfants-et-adolescents-qui-sont-utilisateurs-de-facebook-instagram-et-whatsapp_6105350_3232.html.