Editon°1226 : Matera

Le tourisme va-t-il enfin retrouver des couleurs en 2022 ? C’est l’une des questions posées cette semaine par la rédaction de Monaco Hebdo au directeur du tourisme et des congrès, Guy Antognelli. Dans une longue interview, il se montre positif, assurant que « Monaco restera toujours une destination prisée ». Les premiers chiffres sont en progression, avec un taux d’occupation de 39 % en 2021. Mais on reste loin de la période pré-Covid, puisqu’en 2019 le taux d’occupation était de 69 %. La grande contagiosité du variant Omicron continue de peser, que ce soit sur les déplacements ou sur le secteur de l’événementiel. Le festival du cirque de Monte-Carlo 2022 a ainsi été annulé, mettant au passage un coup assez rude aux chiffres du mois de janvier 2022. Si la période reste difficile, elle n’est pas comparable à janvier 2021. On se souvient qu’avec l’effondrement du transport, le tourisme était alors très ralenti. Mais il faudra du temps avant de remonter la pente. Surtout que la visibilité manque toujours, et que le scénario éventuel d’un nouveau variant plus contagieux et surtout, plus dangereux, inquiète toujours. En tout cas, certains estiment qu’il faut profiter de cette crise sanitaire qui s’éternise depuis mars 2020, pour changer notre vision du tourisme. Dans une tribune publiée par Le Monde le 2 octobre 2020, l’architecte italien Carlo Ratti, chercheur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a ainsi lancé : « Et si le Covid-19 nous permettait de passer du tourisme effréné au tourisme raisonné ? ». Carlo Ratti propose de miser désormais sur ce qu’il appelle des « voyages raisonnés », qui consistent à passer plus de temps au même endroit, plutôt que de multiplier les voyages d’une ville à une autre. De cette façon, le risque de diffusion du Covid-19 est plus limité. Pour encourager ces nouvelles pratiques, ce chercheur estime qu’il faut notamment jouer sur des offres hôtelières attractives en termes de prix, en cas de réservation de séjours de plus longue durée. Il évoque aussi l’utilisation de plateformes en ligne qui pourraient diffuser des offres d’emploi, des stages, et même des missions de bénévolat. Bref, tout ce qui peut pousser les « voyageurs raisonnés » à rester plus longtemps sur place. Carlo Ratti rappelle que Matera, dans le sud de l’Italie, a lancé un programme de ce genre en 2019, alors que cette ville était capitale européenne de la culture. Bien sûr, cela n’est pas transposable, en l’état, à Monaco. Mais l’idée est là, et elle fait son chemin. D’ailleurs, l’État monégasque se questionne sur le tourisme de demain. Fin novembre 2021, un Livre Blanc du tourisme responsable a vu le jour, dont Monaco Hebdo se fait l’écho cette semaine. Monaco n’est pas Matera, mais la principauté affiche sa volonté de tendre vers un tourisme de plus en plus responsable. La situation sanitaire, mais aussi le réchauffement climatique, nous y obligent.