Edito 1224 : Immunité ?

Il fallait s’y attendre. On commence 2022 comme on a quitté 2021. La pandémie de Covid-19 s’amplifie, avec le variant Omicron qui a pour principale caractéristique de présenter une plus grande contagiosité que le variant Delta. Résultat, le 10 janvier 2022, le taux d’incidence (1) avait atteint un niveau record en principauté : 1 966, contre 1 270 la semaine précédente. Le seuil d’alerte étant fixé à 50, Monaco est donc désormais près de 40 fois au-dessus de cette limite. Le taux de positivité des tests pratiqués est aussi à la hausse, à 12,53 %. Heureusement, pour le moment, le centre hospitalier princesse Grace (CHPG) tient le choc. Cinq personnes, dont un résident, étaient soignées en réanimation le 10 janvier 2022. Avec l’apparition des vaccins début 2021 et l’exposition régulière aux infections naturelles, l’espoir d’atteindre enfin une immunité collective est apparu. Au 10 janvier, 6 087 personnes avaient été contaminées par le coronavirus en principauté. Mais une série de nouveaux variants sont venus tempérer les chances d’atteindre cet objectif. La déferlante Omicron est une nouvelle fois venue raviver cette possibilité d’immunité collective. Doté d’un fort pouvoir de transmission, Omicron semble aussi provoquer moins de formes sévères de la maladie. En effet, sans mesures barrières, une personne infectée par Omicron peut en contaminer plus de dix autres. C’est ce qui a provoqué la petite phrase, très remarquée, du ministre de la santé, Olivier Véran, dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) le 2 janvier 2022 : « Cette cinquième vague sera peut-être la dernière. Omicron est tellement contagieux qu’il va toucher toutes les populations du monde. Il va entraîner une immunité renforcée : on sera tous plus armés après son passage. » Mais beaucoup d’experts sont rapidement venus tempérer ces propos, estimant qu’aucun élément scientifique concret ne permettait de vérifier ce scénario optimiste. L’immunité collective représente la part de la population protégée du coronavirus par le vaccin ou par l’infection. Cette part doit être d’environ 90 % pour espérer mettre fin à ce cycle infernal. Mais Omicron présente une spécificité qui rend cette visée très difficile à atteindre : il peut contaminer une personne déjà vaccinée, ou déjà contaminée par le SARS-CoV-2. Résultat, en France, malgré une vaccination à deux doses de la population estimée à 77 % (et 38,1 % pour la dose de rappel), Omicron se répand partout. La situation est identique à Monaco, où la couverture vaccinale des résidents n’est que de 68 % [à ce sujet, lire notre article Covid-19 : Monaco face à la déferlante Omicron, publié dans ce numéro – NDLR]. Au fil du temps, les apparitions possibles de nouveaux variants vont se retrouver en compétition face aux couches d’immunité apportées par les infections et par les doses de rappel de vaccins. Certains experts estiment que le Covid-19 pourrait, à terme, se transformer en épidémie proche de la grippe saisonnière, chaque hiver. Une épidémie moins dangereuse, et donc, moins mortelle. Mais d’autres rappellent que ce scénario pourrait être contrarié par l’apparition de nouveaux variants plus transmissibles, et surtout, plus dangereux.

1) Le taux d’incidence correspond au nombre de cas positifs enregistrés sur les 7 derniers jours, rapporté à 100 000 habitants. Le seuil d’alerte est fixé à 50.