Edito n°1201 : paix

Il fallait s’y attendre. Le vote du projet de loi sur l’aménagement du temps de travail ne s’est pas déroulé sans heurts. Le 17 juin 2021, en fin de journée, les élus du Conseil national ont voté ce texte, qu’ils ont amendé. Les deux élus Horizon Monaco (HM), Béatrice Fresko-Rolfo et Jacques Rit, ont voté contre, et l’élu de la majorité Priorité Monaco (Primo !), Jean-Charles Emmerich, s’est abstenu. Parvenus à un accord sur ce texte sensible, gouvernement et majorité Primo ! ont parlé d’un « texte équilibré, à vocation permanente », car la première mouture devait s’inscrire dans une durée limitée. Ce ne sera donc pas le cas, et cette loi aura une validité permanente. Le conseiller-ministre pour les affaires sociales et la santé, Didier Gamerdinger, a évoqué « un texte novateur, mais équilibré, proposant, mais n’imposant pas, de nouveaux outils qu’il appartiendra aux employeurs, syndicats et salariés de s’approprier ». Le président du Conseil national, Stéphane Valeri a estimé pour sa part que « cette loi n’impose rien, mais ouvre au contraire le champ des possibles, et modernise cette démocratie sociale dans l’entreprise à laquelle nous tenons beaucoup. Je tiens donc à rassurer les représentants syndicaux et les salariés qui pourraient se poser des questions sur les conséquences de cette loi sur l’organisation du travail. Faisons confiance aux salariés pour se déterminer en connaissance de cause, et sans idéologie, et choisir la meilleure solution dans leur intérêt ». En revanche, pas convaincus, les élus HM ont rappelé que « l’observation, dans le pays voisin, de l’impact direct et immédiat de l’aménagement du temps de travail sur l’emploi se montre très modeste, voire inexistant ». Absent le 17 juin 2021, Jean-Louis Grinda a indiqué dans les colonnes de Monaco-Matin que cette loi était « une mauvaise réponse à un problème qui ne se posait pas », estimant notamment que ce texte va « entraver la remontée des heures travaillées en CDD, et donc, de facto, avoir un impact négatif sur l’équilibre des caisses sociales ». Du côté des partenaires sociaux, seule la Fédération des entreprises monégasques (Fedem) a exprimé sa satisfaction. Chez les syndicats de salariés, c’est la grimace. La Fédération des Syndicats de salariés de Monaco (F2SM) regrette de ne pas avoir été suffisamment consultée, tout comme l’Union des syndicats de Monaco (USM), qui assure ne pas avoir eu le texte de loi consolidé entre les mains. Furieux, l’USM juge que cette « nouvelle attaque en règle, destinée à saborder le droit du travail, ne va pas favoriser le maintien de la paix sociale tant réclamée par le Conseil national ». On se souvient qu’en mars 2021, l’USM avait réuni environ 200 personnes devant le ministère d’Etat pour protester contre ce texte. Ce syndicat va réunir un comité général extraordinaire le 24 juin 2021 pour décider des suites à donner à ce dossier. Mais la confiance semble rompue, et la paix sociale s’inscrit désormais en pointillés.