Edito n°1191 : Acceptabilité

Que va faire Emmanuel Macron ? Face à une situation qui se tend de plus en plus en France, tous les regards sont braqués sur le président de la République. Sur quelle stratégie va-t-il miser pour tenter d’endiguer la pandémie de Covid-19 qui submerge à nouveau la France ? Le 29 mars 2021, le pic atteint par la deuxième vague a été dépassé dans les services de réanimation français. Selon Santé publique France, 4 974 patients étaient hospitalisés le 29 mars 2021, et le taux d’occupation des lits de réanimation avait atteint 89 %, toute pathologie confondue. Le 16 novembre 2020, le pic de la deuxième vague avait amené 4 903 personnes en réanimation. Interrogée par l’Agence France-Presse (AFP), la direction générale de l’offre de soins (DGOS) a indiqué que « le 26 mars 2021, le taux d’occupation national des services de réanimation est d’environ 89 %, soit environ 6 833 lits occupés [patients Covid et non-Covid – NDLR] sur 7 665 lits », tout en soulignant que « la montée en charge des capacités se poursuivait dans toutes les régions ». Alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le 30 mars 2021, la tension était aussi palpable dans les Alpes-Maritimes, où le taux d’incidence ne baisse plus. Alors que le taux d’incidence (1) moyen en France était de 371, il était de 463 dans ce département. À Monaco, entre le 22 et le 29 mars 2021, le taux d’incidence est passé de 173,6 à 226,3. Dans les Alpes-Maritimes, des opérations non urgentes sont déprogrammées pour faire de la place pour les cas de Covid les plus graves. Résultat, la colère monte chez les soignants. Dans une tribune publiée le 28 mars 2021 par Le Monde, un collectif de neuf médecins de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) craint de devoir bientôt trier les patients, et demande donc au gouvernement français d’assumer clairement ses choix et sa stratégie : « En imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite. […] Vis-à-vis de ses citoyens, tout gouvernement se revendiquant démocratique a un devoir de loyauté. Il est temps que l’exécutif assume clairement et publiquement les conséquences sanitaires de ses décisions politiques. » Cette semaine s’annonce donc de la plus haute importance. Emmanuel Macron pourrait prendre la parole le 31 mars 2021. Mais pour annoncer quoi ? Il semble difficile aujourd’hui d’imposer un confinement aussi strict que celui de mars 2020. L’acceptabilité n’est plus au rendez-vous et le poids de l’économie, de la scolarité, et même de la santé mentale se fait sentir. Face à une situation qui se tend, face aux choix que fera la France, Monaco devra trouver sa voie.

1) Le taux d’incidence correspond au nombre de cas positifs enregistrés sur les 7 derniers jours, rapporté à 100 000 habitants.